52 JAZZ (s)

Le légendaire groupe français de Jazz Fusion fait son grand retour avec son album Unixsity. On retrouve en très grande forme les géniaux Paco Séry (batterie), Michel Alibo (basse), Louis Winsberg (guitare), Jean-Pierre Como (claviers), Alain Debiossat (saxophone) et Stéphane Edouard (percussions) pour un album super inspiré mélangeant Jazz, Funk, World. Les fans ne seront pas déçus. Indispensable.

Le génie du compositeur Stephen Sondheim provient de sa capacité à sonder les émotions humaines, même celles des personnages les plus étranges : barbiers cannibales, assassins présidentiels, sorcières de contes de fées... Cyrille Aimée, chanteuse acclamée, l'a découvert en plongeant dans son répertoire pour cet album étincelant. Ce qui, à l'origine, était la célébration d'un auteur-compositeur légendaire de Broadway, est devenu une oeuvre autobiographique cathartique où les chansons capturent les sentiments personnels les plus profonds de la chanteuse.

Ces quatre félidés ont l'art et la manière collective de laisser les libertés individuelles s'exprimer. Cet affranchissement mêlé à ces libertés forme le socle de ces lions, et leur permet de contourner une sphère musicale très étendue et bariolée. S'il fallait nommer cette sphère, elle s'appellerait "transe", la transe apatride que l'on retrouve dans le rock, la musique africaine et indienne, le blues, la musique noise, le jazz, cette énergie qui prend tout son sens chez Des Lions. Chacun apporte sa touche, sa foi, son envie, sa folie, formant ainsi un ensemble musical totalement libre et inventif.

Sans doute devaient-ils se rencontrer. Sûrement, d'ailleurs. Mais la planète jazz est parfois si vaste qu'il est difficile de s'y croiser à toute heure. Alors, il faut prendre son temps et les notes bleues font le reste. Celles du label Komos, par exemple... Ils ont à peine ébauché quelques notes sur trois des treize morceaux qui composent l'album Y pati. Le reste n'est qu'improvisation, moments fugaces, envie de jouer, longs dialogues, balades à deux, jeu de jazz, clin d'oeil à Miles, fantaisie de blues, hommage au père de Jowee, ou caresse pour la fille de Randy. Randy s'est installé au piano mais plus souvent aux claviers, Chamberlin, Osmose, Continum. Jowee, lui, s'est attelé au saxophone - tenor, alto, soprano - à la clarinette, au cornet, à la flûte piccolo et... au chant, parfois.

La musique créée est entièrement originale, elle forme un matériau nécessaire à la fission des rencontres, musicales et humaines, qui demeure au coeur du projet. Lunivers est tantôt épuré et lyrique, tantôt complexe dans lécriture et ses développements. Limprovisation essentielle à cette musique, lest aussi pour la santé des quatre musiciens. Libre de toute étiquette stylistique lunivers du quartet suit sa logique propre, garante de son indépendance et de celle de ses interprètes. Une énergie et une force musicale qui séquilibre entre de profondes mélodies évoquant parfois Paul Motian et Bill Evans et des pulses plus sauvages issues de lunivers urbain New Yorkais de Steve Coleman.

Quatre ans après Wislawa, album majeur, le quartet new yorkais du grand trompettiste polonais fait son retour avec un enregistrement marquant. En leader clairvoyant qu'il est, Stanko pousse l'essence de l'improvisation jusqu'à s'épanouir autour de thèmes caractéristiques d'inspiration mélancolique et soulful. Et tous les musiciens y sont plus qu'à leur avantage. Nouvellement arrivé dans cette formation, Reuben Rogers - originaires des Iles Vierges et connu pour son travail aux côtés de Charles Llyod - est une belle trouvaille et instaure une entente profonde avec le pianiste d'origine cubaine, David Virelles ainsi qu'avec le batteur Gerald Cleaver, venu de Détroit. Après avoir vu le groupe en concert, le magazine JazzTimes a insisté sur la puissance de chaque individualité: "Stanko n'a jamais eu un pianiste comme Virelles. Dans chacune de ses interventions, il imprime son propre lyrisme à l'esthétique de Stanko. Stanko qui n'a jamais eu un bassiste et un batteur comme Rogers et Cleaver, tous deux très anguleux et à l'énergie contagieuse." December avenue a été enregistré aux studios de la Buissonne dans le sud de la France et a été produit par Manfred Eicher.

"Cet album est un trip cinématographique, une invitation à colorer le réel. J'ai voulu concevoir une musique enveloppante, qui mette en connexion notre intériorité avec le monde extérieur. Quels que soient les images et les sons qui nous entourent, j'ai fait en sorte qu'ils se mélangent toujours bien avec l'aventure sonore proposée dans ces compositions aux longues formes, pour qu'on se sente comme dans un clip, entre réel et fiction. Je visite plusieurs états d'âme, arpente différents univers, lance des propositions sans cesse re-challengées, des aires d'envol, des ruptures, des pistes brouillées. Des trappes s'ouvrent sur des mondes inconnus, on prend de la force, on fait de sa vie un film dont on est le héros." Guillaume Perret