204 CLASSIQUE (s)

Guillaume de Chassy, Arnault Cuisinier et Thomas Savy forment depuis longtemps un trio coutumier des chemins de traverse entre jazz et classique. Laurent Naouri, baryton bien connu et si impressionnant dans des rôles de nombreux opéras fameux, aime passionnément le jazz en général et les mélodies de Broadway en particulier : "dans une vie parallèle, il s'avère être un Crooner formidable" dit de lui Guillaume de Chassy. Cet album est né de leur rencontre. Naouri chante le merveilleux Hollywood Songbook de Hans Eisler composés en 1943 sur des poèmes de son compagnon d'exil à Los Angeles, Bertold Brecht. Le trio accompagne le chanteur et fait des ponts d'improvisations entres les chansons. En complément, De Chassy ose Prokofiev : " J'avais depuis longtemps le désir de transcrire pour la voix des thèmes de Prokofiev conçus à l'origine pour piano ou violon, mais dont l'évidence les rend naturellement vocaux. "Il adapte des textes de poètes russes (Tsvetaieva, Tchoulkov, Lermontov, Pouchkine et Essénine) à des extraits du Premier Concerto pour violon (1917), du Deuxième Concerto pour piano (1923) et de la Sixième Sonate pour piano (1939). " Nous sommes donc allés à l'inverse du processus habituel, qui consiste à adapter la musique au texte. J'ignore si Prokofiev aimait le jazz, mais il se trouve que les harmonies qui colorent ses thèmes sont de très inspirants véhicules pour l'improvisation. J'ai donc procédé comme sur des chansons de Cole Porter : un thème, suivi d'une improvisation sur la séquence harmonique, suivie d'un thème final."

Le triomphe de la harpe ! Lorsqu'en 1770, la jeune archiduchesse d'Autriche Marie-Antoinette arrive à la cour de France, c'était avec une harpe dans ses bagages. Au contraire d'un déclin annoncé, l'instrument va connaître une vogue sans précédent et déclencher l'éclosion d'un répertoire abondant, bien distinct des concertos pour clavier, par exemple. C'est ce corpus que Xavier de Maistre et les Arts Florissants vous proposent de découvrir sur instruments d'époque dans un programme aussi virtuose que passionnant : d'autres noms, d'autres chefs-d'oeuvre sont à découvrir à l'ombre de Haydn (Symphonie La Reine) et de Gluck !

Les deux joyaux de cet album sont nés de la rencontre de Manuel de Falla avec les dramaturges Martinez Sierra-Lejárraga : L'Amour sorcier dont l'inspiration éminemment 'gitane' nous fait pénétrer dans l'âme du répertoire flamenco, ici magnifiquement incarnée sous la direction du maestro Pablo Heras-Casado. Et la brillante pantomime Le Tricorne pour laquelle Picasso avait réalisé décors et costumes il y a tout juste. 100 ans !

Après le succès du premier Rendez-Vous avec Martha Argerich, ce deuxième volume ravira les mélomanes du monde entier. Pour cette nouvelle édition, Martha Argerich s'associe à des amis musiciens de renom tels que Sylvain Cambreling, Renaud Capuçon, Charles Dutoit, Gabriela Montero, Edgar Moreau, Akane Sakai et bien d'autres dans de nouvelles oeuvres comme le deuxième trio de Mendelssohn, ou dans des piliers de son répertoire comme le premier Concerto pour piano de Tchaïkovski, la Sonate "Kreutzer" de Beethoven ou les Scènes d'Enfant de Schumann.

En 2 ans, Jean Rondeau a fait remonter le clavecin du rayon antiquités à la lumière. Tant par le succès de ses 2 premiers albums que par sa présence médiatique - Lauréat aux victoires de la musique classique en 2015 -, Jean Rondeau est à 25 ans un artiste majeur de la scène française. Il consacre son nouvel album aux concertos de la Famille Bach, forte de 80 musiciens, de laquelle il extrait le Père et 3 de ses fils : Johann-Christian, Wilhelm Friedemannet Carl Philipp Emanuel. Jean Rondeau met l'accent sur cette période intensément créative, à Leipzig, où "le public a du nerf, de la passion, du désir, il lui faut du rythme, de l'émotion, de la nouveauté, une débauche de musique contemporaine". C'est cette liberté et cette énergie que Jean Rondeau retrouve aujourd'hui en s'entourant de 6 jeunes musiciens de sa classe d'âge. Le résultat est exceptionnel de légèreté, de vivacité et d'allant.

Alors que Robin Ticciati entame sa dernière saison avec le Scottish Chamber Orchestra, Linn célèbre son passage mémorable à la tête de la phalange avec un enregistrement de quatre des chefs-d'oeuvre pour orchestre les plus sublimes jamais écrits. La longue tradition d'enregistrement de ces oeuvres révolutionnaires souligne la confiance que Ticciati place non seulement dans sa propre vision de ces symphonies, mais aussi dans son partenariat avec les musiciens du SCO, qui apprécient tout particulièrement l'écriture hautement virtuose de Brahms. Cet enregistrement constitue une suite logique à ceux consacrés aux symphonies de Mozart, Brahms ayant fait évoluer le classicisme formel jusqu'à l'ère romantique.

Le jeune claveciniste français Aurélien Delage, par ailleurs organiste et flûtiste, participe à de multiples formations que compte le paysage baroque français (Le Concert Spirituel, Les Arts Florissants, Sagittarius). Autant dire que malgré son jeune âge, il maîtrise parfaitement le répertoire baroque français. Il a précédemment enregistré sur le même label deux disques remarqués : l'oeuvre pour orgue du mésestimé Jean Nicolas Geoffroy (1633 - 1694) et une compilation de pièces diverses des clavecinistes de Louis XIV (Couperin, D'anglebert, Chambonnières). Delage a fait le choix de consacrer ce nouveau CD à François Couperin à travers une sélection de pièces issues de trois ordres (sur les trois livres de pièces de clavecin). Le sombre Troisième en do mineur qui est une suite de danses du XVIIème siècle, le Sixième aux accents champêtre et le Septième qui privilégie la forme du rondeau. Le claveciniste fait alterner de graves et solennels préludes de l'Art de toucher le clavecin avec les pièces de caractère. Son jeu est d'une grande homogénéité penchant plutôt vers l'introspection que vers la fantaisie et le divertissement. La "Lugubre Sarabande" porte ici bien son nom. Delage ne varie jamais dans les pièces à reprises (les Amusements, les Petits Ages) et file un tempo plutôt droit dans ses bottes. Les danses pâtissent ainsi d'une rythmique quasi militaire (Troisième ordre). A l'évidence, le claveciniste, amoureux de son instrument, préfère le faire sonner comme un bijou aristocratique et rutilant (Les langueurs tendres). Les "baricades mistérieuses" se dévident en un seul bloc presque inarticulé, choix pertinent qui n'entache en rien la dynamique et l'harmonie de la pièce. De temps à autre, le dard de l'idiosynchrasie perce le vernis instrumental. Le "Gazouillement" bégaie en gazouillant. Le beau contrepoint de "La Bersan" s'égaie comme un paon et Le "Moucheron" volète gaiement. Delage joue sur un clavecin Emile Jobin, aux timbres pincés mais d'une grande noblesse de son.

On ne présente plus Hopkinson Smith, reconnu depuis les années 1970 comme le maître le plus influent du luth et de la guitare de la Renaissance et de la période baroque, pionnier infatigable d'un répertoire longtemps sous-estimé... Après les sonates, les partitas et les suites 4, 5 et 6, il complète et termine son cycle denregistrements de l'oeuvre de Bach avec les trois premières suites qu'il a lui-même transcrite pour le théorbe.

En 2019, âgé de 22 ans, Alexandre Kantorow est devenu le premier pianiste français à remporter la médaille d'or du prestigieux Concours Tchaïkovski ainsi que le Grand Prix, décerné seulement trois fois auparavant dans l'histoire du concours. Avant cette consécration, il avait déjà enregistré 3 disques multi récompensés - Diapason d'or de l'Année, Choc de Classica de l'Année, Victoire de la Musique Classique, Editor's Choice de Gramophone - qui lui ont valu les louanges de la critique, allant du "jeune tsar du piano" (Classica) à "la réincarnation de Liszt" (Fanfare). Le récital présent, son premier depuis le Concours Tchaïkovski, offre une vision complète de sa virtuosité et de son lyrisme, qui se dévoilent toujours à travers sa fine et profonde justesse stylistique. Ce programme est construit autour de trois rhapsodies. Ce genre dont le caractère improvisatoire correspond parfaitement à l'esprit du Romantisme, est ici sublimé par trois tempéraments artistiques très différents - Franz Liszt, Johannes Brahms et Béla Bartok.

Cet enregistrement fait suite à une première collaboration entre Zig- Zag Territoires et Marco Ceccato (sonates de Vivaldi), très largement saluée par la presse. Il est consacré à deux aspects importants de l'oeuvre de Luigi Boccherini : la musique de chambre et le violoncelle, dont il était un grand virtuose. Avec les deux quintettes et le divertimento, c'est l'association du quatuor à cordes dont Boccherini fut en quelque sorte le cofondateur avec Haydn avec tantôt la guitare, tantôt la flûte qui est à l'honneur, avec toujours une utilisation réjouissante des capacités sonores de ces instruments. Et bien sûr le violoncelle est ensuite à l'honneur dans le Concerto en sol majeur, condensé de virtuosité et de lyrisme.

" Mon enfance a été bercée par les enregistrements d'Itzhak Perlman... Ses gravures des concertos de Beethoven et de Brahms avec Carlo Maria Giulini restent pour moi des références absolues. Il reste pour moi l'un des plus incroyables violonistes de ce siècle. " Renaud Capuçon " Itzhak Perlman a une ingénuité presque enfantine, c'est comme un géant qui traverserait des montagnes en sautillant. S'il n'y avait pas d'Itzhak, il n'y aurait pas de Dieu. Et puisqu'il y a sûrement un Dieu quelque part, il a créé Itzhak pour nous. Merci à tous les deux " Ton vieil ami Ivry Gitlis " Mon premier contact, dans ma jeunesse, avec l'art d'Itzhak Perlman a laissé une profonde empreinte dans mon coeur. Il est pratiquement impossible d'imaginer aujourd'hui le monde du violon sans ce que lui a apporté le génie musical absolu de Perlman. " Maxim Vengerov " Itzhak a eu la chance de naître avec une force mentale exceptionnelle, qu'il n'a jamais cessé de développer. Cela lui a permis de surmonter en permanence son handicap physique. Le soixante-dixième anniversaire d'un confrère remarquable et d'un grand violoniste de notre époque fournit une merveilleuse occasion de le faire " Gidon Kremer " Itzhak est l'une des plus grandes fi gures violonistiques de notre temps. [] La dimension émotionnelle de chacune de ses apparitions sur scène est tout simplement unique. " Daniel Barenboïm " L'idéal point de rencontre entre les XIXe, XXe et XXIe siècles. La synthèse de ce que ces siècles représentent dans l'histoire du violon et de l'interprétation. " Augustin Dumay

Quarante ans ! C'est le temps qui sépare le premier enregistrement par Bruno Rigutto des Nocturnes de Chopin de cette nouvelle interprétation gravée au disque, longuement mûrie. Le pianiste français a fréquenté ce corpus toute une vie durant, conférant à cet enregistrement un caractère fascinant, et une patine que seul le temps du travail intérieur de l'imagination peut offrir. Pour Bruno Rigutto, jouer la musique de Chopin tient du mystère sympathique des résonances entre la sensibilité de l'interprète et les affects à fleur de partition du compositeur. L'alchimie est complète, l'interprète puisant en lui les atmosphères au moyen de choix inspirés et de dosages subtils des nuances et des phrasés. Enfin, tous deux se confondent puisque le programme suit ici l'ordre chronologique de composition des Nocturnes, faisant défiler le film sonore de la vie intérieure de Chopin. L'auditeur découvre ou redécouvre Bruno Rigutto sous les rayons nocturnes du romantisme qu'irradient les oeuvres de l'un des compositeurs pianistes les plus attachants.