204 CLASSIQUE (s)

La forêt, c'est un lieu important pour Olivia Gay qui a construit sa maison à la lisière de celle de Fontainebleau. Elle la parcourt seule, avec son chien ou à cheval, à l'écoute de son silence mais aussi de tous ses murmures. C'est un lieu de création où l'instinct de la violoncelliste s'éveille et où elle retrouve en même temps le calme, hors de la ville. Un partenariat avec l'Office National des Forêts (ONF) voit le jour en 2022 pour sensibiliser les spectateurs en les invitant à des concerts donnés au coeur même de la forêt ou dans des sites naturels. Cet album s'inscrit dans la suite de ce projet engagé, avec un programme autour de la nature allant de Jacques Offenbach à Camille Pépin en passant par Edward Elgar, John Luther Adams ou encore Max Richter, placé sous l'égide de la magnifique pièce d'Antonin Dvorák Le silence de la forêt qui donne son nom à cette initiative.

Souvent comparées aux Sonates et Partitas de Bach pour violon, ces quatre sonates solo de Paul Hindemith sont assurément un défi pour tout altiste, que Ruth Killius - notamment connue en tant que membre du Zehetmair Quartet -, relève avec ferveur et lyrisme.

Les "Abendmusiken" étaient une série de concerts légendaires organisés par Buxtehude à Lübeck. Même Jean-Sébastien Bach faisait de longs voyages pour assister à ces concerts de musique religieuse et instrumentale et rencontrer le maître Dietrich Buxtehude, l'organiste le plus réputé d'Europe... l'occasion des 500 ans de la réforme luthérienne, Vox Luminis et l'Ensemble Masques se sont rapprochés pour interpréter ce programme de Cantates et pièces instrumentales (Sonates BuxWV 255 & 261). Cet enregistrement rassemble les grands spécialistes de ces répertoires et les voix expertes de Vox Luminis se mêlent à la vitalité des instrumentistes de l'Ensemble Masques.

Nouvelle signature Warner Classics, le violoncelliste virtuose sud-africain Abel Selaocoe est une étoile montante qui déjoue tous les codes du violoncelle. Il évolue avec aisance à travers une pléthore de genres et de styles, allant de la musique classique à la musique traditionnelle sud-africaine. Abel Selaocoe combine la performance virtuose avec l'improvisation, le chant et les percussions corporelles, et se consacre à la composition d'oeuvres et à l'organisation de projets qui mettent en évidence les liens entre les traditions musicales occidentales et non-occidentales, élargissant les horizons de la musique classique pour atteindre un public plus large.

Après un premier volume récompensé d'un Diapason d'Or, le Mariani Klavierquartett fait se rencontrer les quatuors avec piano de Johannes Brahms et de Friedrich Gernsheim. Si les liens d'amitié entre les deux compositeurs sont au coeur du projet, le quatuor de Gernsheim montre que Brahms n'était pas sa seule influence, qu'il a su fusionner Beethoven, Mendelssohn et Schubert en un style personnel séduisant. Par le Quatuor Mariani, la perfection formelle de cette oeuvre intense à l'éclat insoupçonné est démontrée.

La soprano Jodie Devos rejoint Alpha pour plusieurs enregistrements et signe ici un hommage à Offenbach, dont on célèbre le bicentenaire de la naissance en 2019. Ce programme témoigne de la fascination d'Offenbach pour les chanteuses à la technique vocale pyrotechnique. Cet emploi lyrique - appelé tour à tour "chanteuse d'agilité" ou "chanteuse-roulade" - trace comme un fil conducteur entre la plupart des oeuvres du compositeur, depuis les premières pièces pour deux ou trois personnages aux grandes fresques de la maturité que forment La vie parisienne, Robinson Crusoé et Orphée aux enfers.

"Hindemith composa plus de 30 sonates pour les instruments les plus divers. Ce choix passionnant d'oeuvres écrites entre 1935 (alors qu'il devenait persona non grata dans l'Allemagne nazie) et 1948 (la brillante Sonate pour le violoncelliste Piatigorsky) est interprété par un groupe de solistes prestigieux, le tout animé par Alexander Melnikov au piano. Ce n'est pas souvent que l'on entend une sonate pour Althorn- surtout quand on sait qu'elle fut publiée avec un poème dû au compositeur ?"

A l'occasion du bi-centenaire de la naissance de Charles Gounod, cette première intégrale des quatuors à cordes (dont deux inédits) sur instruments d'époque révèle une partie méconnue de son oeuvre, dominée par la musique vocale. Compositeur de la toute fin du XIXe siècle, Gounod s'inscrit avec ses cinq quatuors dans la lignée du classicisme viennois. Les accents lyriques du Quatuor en sol mineur ou la légèreté aérienne du Scherzo du Petit Quatuor évoquent rien moins que les noms de Schubert et Mendelssohn. Les musiciens du Quatuor Cambini-Paris (Julien Chauvin, Karine Crocquenoy, Pierre-ric Nimylowycz et Atsushi Sakaï) restituent avec grâce ces pages empreintes de gravité et de suavité.

Anna Netrebko ouvre l'année 2015 avec un opéra passionnant, enregistré lors de sa tournée en 2012. Elle incarne avec ferveur Iolanta (Yolanthe), le rôle-titre, qui est certainement l'une des figures les plus énigmatiques de l'opéra de Tchaïkovski. L'intrigue se déroule en Provence au XVème siècle où règne le Roi René dont la fille Iolanta est aveugle. La foi et l'amour lui feront recouvrer la vue et acquérir la sagesse. Cet album marque une nouvelle collaboration entre Anna Netrebko et le chef français Emmanuel Villaume (actuellement Directeur Musical de l'Opéra de Dallas, avec qui elle avait enregistré l'album "Souvenirs". Anna Netrebko incarnera Iolanta au Metropolitan Opera de New York début 2015, puis en version de concert avec Emmanuel Villaume à la baguette à l'Opéra de Monte-Carlo le 21 juin 2015.

Pour le pianiste Philippe Cassard, Franz Schubert (1797-1828) est bien celui qui, selon l'épitaphe du poète Grillparzer "fit chanter la poésie et parler la musique". Après avoir déjà enregistré des versions de référence d'oeuvres du compositeur, il se lance à corps perdu dans ce nouveau voyage et nous donne une leçon de lyrisme pianistique et d'élégance. Voici deux vastes sonates antagonistes composées à quelques mois d'intervalle, en 1825.

Après un enregistrement consacré aux Cantates pour alto BWV 35 et 170, paru en 2009 chez Outhere et devant le succès de ce disque qui fait aujourd'hui encore référence, Damien Guillon poursuit son travail de recherche et d'interprétation en consacrant un deuxième opus à la Cantate pour alto solo BWV 169 et à la fameuse BWV 82 Ich Habe Genug, plus connue dans sa version pour basse (1727) mais aussi interprétée dès 1735 par un alto. En complément de ce programme, l'organiste Maude Gratton a associé à ces Cantates le Prélude et Fugue BWV 543 & ainsi que les chorales Allein Gott in der Höh sei Ehr, BWV 662, BWV 663 & BWV 664.

Après avoir exploré la musique des 19e et 20e siècles, Ophélie Gaillard revient avec son ensemble Pulcinella aux sources baroques pour mettre en lumière Luigi Boccherini, compositeur italien et premier virtuose du violoncelle de l'histoire. Tout comme les Suites de Jean Sébastien Bach, les partitions de Boccherini donnent à l'instrument ses lettres de noblesse. Il est au violoncelle ce que Vivaldi fut, une génération avant lui, au violon. De sa Toscane natale aux cours de Prusse, la carrière de ce musicien génial est jalonnée de voyages à travers l'Europe, jusqu'à l'Espagne. Des rythmes de danse endiablés de l'Andalousie à l'atmosphère nocturne des rues de Madrid, Boccherini croque en musique ce pays d'adoption. Ce disque-portrait en deux volumes explore tous les genres (concertos, sonate, symphonies) et invite l'incontournable soprano Sandrine Piau pour interpréter les pages poignantes de son chez d'oeuvre vocal : le Stabat Mater.