204 JAZZ (s)

Le chanteur est parti à la Nouvelle-Orléans enregistrer des compositions avec ses compagnons de route, un brass band New Orleans et le guitariste et coréalisateur de l'album, Freddy Koella (Bob Dylan, Willy DeVille, Odetta, Francis Cabrel, Carla Bruni, KD Lang... ). Des drums qui dansent comme dans un des légendaires enterrements de la Nouvelle-Orléans, des cuivres gorgés de soul, des guitares mêlant tous les blues et tous les folks... Hugh Coltman s'est offert un écrin sublime pour onze chansons dans lesquelles il fait entendre sa voix chaleureuse de routier des sentiments et de grand connaisseur des émotions humaines, toujours indulgent pour l'amoureux du soir, le paumé de l'aube ou le mélancolique du plein soleil... Who's happy ? demande son album. Personne et chacun, semble-t-il répondre... Un voyage musical et existentiel entre confidences et grand spectacle, entre exploration d'un patrimoine phénoménal et inspiration féconde d'un artiste au sommet de sa créativité.

Réédition de deux raretés auto-produites sur l'obscur label Self-Reliance : In concert at Yale University, vol. 1 et Nommo, soit les deux seuls disques existants d'un duo mythique s'étant initié depuis une rencontre au sein du Giuseppi Logan Quartet en 1965. Les bandes de ce concert de 1966 ayant été depuis longtemps égarées, une remastérisation des 33 tours originaux fut miraculeusement accomplie. Photos des pochettes originales, peintes à la main, photo inédite du duo à la Nation of Islam Convention, interview de Milford Graves, etc. Soit le Saint-Graal du jazz improvisé, aussi frais et sauvage aujourd'hui qu'il le fut il y a cinq décennies.

La réunion naturelle de ces deux surdoués de leur génération, camarades de conservatoire et comparses de toujours met en évidence la fluidité de leur chant. Ils virevoltent avec élégance dans un espace où la musique s'exprime sans apriori, dans un tempo où les émotions sont suspendues aux formes improvisées qui retiennent la composition ou se juxtaposent à celle-ci.

Enregistré live à Paris, en juillet 2016, à la Maison-Galerie, au 19 rue Paul Fort, un lieu créé par Hélène Aziza, qui accueille des expo-événements.

Sony Music Masterworks propose "Got soul", le premier album de Robert Randolph & The Family Band pour le label. Souvent appelé le "Jimi Hendrix de la Steel Guitar" et nommé parmi les 100 plus grands guitaristes de tous les temps par David Fricke du magazine Rolling Stone, Randolph a révolutionné le rôle de son instrument de prédilection. Produit par Matt Pierson (nominé plusieurs fois aux Grammy Awards), l'album nous fait voyager à travers les genres, depuis les titres teintés de gospel aux chansons funk et groovy, en passant par des morceaux de rock et soul incendiaires. Des guests légendaires font également leur apparition, comme David Hamilton, Darius Rucker et Cory Henry de Snarky Puppy.

On avait laissé le chanteur britannique James Hunter et ses cinq complices en 2013 avec l'excellent "Minute by Minute", un pur hymne Rhythm & Blues délicieusement vintage. Précurseur de la vague néo soul anglaise et compagnon de route d'Aretha Franklin, Van Morrison, Etta James ou Willie Nelson, le natif de Colchester, s'est exilé en Californie dans les studios Penrose à Riverside, l'annexe californienne du label soul de Brooklyn Daptone. Le quatrième album de The James Hunter Six "Hold On!" reste fidèle aux productions léchées et aux orchestrations luxueuses du sextet. Rumbas, boléros, bossanovas et même soft-rock viennent enrichir un groove et un swing tout simplement imparables.

Bien que le jazz ait toujours été présent dans les différents projets du guitariste David Chevallier il avait, jusqu'ici, plutôt exploré les possibilités de faire converser cette musique avec d'autres ; d'où l'envie de concevoir un programme consacré à ce qui est l'une des fondations du jazz : les fameux standards, interprétés, enregistrés par les plus grands, langage commun permettant aussi de jouer avec des inconnus, quand loccasion se présente. Et pour être cohérent avec sa démarche artistique, ces mélodies sont vues à travers son prisme personnel avec le même procédé que lorsqu'il s'attaque à un madrigal de Gesualdo, à un tube des Beatles, un air de Dowland, ou une chanson de Cole Porter : quelque chose d'indicible déclenche le processus de transfiguration, la création de l'avatar...

Les musiciens de ce quintet ont en commun, entre autres affinités, le fait d'avoir joué avec l'extraordinaire Don Cherry, trompettiste, acteur majeur du jazz. En un temps où l'hommage est un genre souvent dépourvu de vraie légitimité, ils incarnent un parfait contre-exemple : ni gardiens du temple, ni thuriféraires opportunistes, ils sont des témoins engagés, heureux de partager avec le public les souvenirs musicaux d'une expérience unique et irremplaçable. Art Deco ne s'attache pas uniquement à présenter un bouquet des différentes facettes du travail de Don Cherry, il entend revisiter cette musique, en y mettant sa propre personnalité musicale.

Chez Flash Pig, aucun faux-semblant ni effet de manche. Quelle merveille ! Nul besoin d'artifice en effet pour savoir ce que l'on nous offre ici, livré avec autant de science que de simplicité, autant de gravité que de malice. Un sens aiguisé du collectif tout d'abord. Maxime et Adrien Sanchez font preuve d'une permanente profusion d'idées, et la paire rythmique Florent Nisse et Gautier Garrigue relève le défi avec une maturité qui force le respect. Avec un son d'une rare cohérence, les quatre musiciens savent guider comme dérouter, rassurer comme surprendre, affirmer comme suggérer, ensemble avant tout. Une telle créativité réjouit autant qu'elle ravit, à quoi s'ajoute une exceptionnelle qualité de jeu et une démarche admirable, au geste délicieusement juste. Les frères Sanchez ont certes beaucoup à dire ; Flash Pig en a encore plus à jouer, pour notre plus grand bonheur